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Photo du rédacteurV.I.P De L’Éducation

J'étais une éducatrice parfaite ! Dû moins, je croyais...

Dernière mise à jour : 25 nov. 2022


Aujourd'hui, je vous raconte une petite tranche de vie qui a eu un tournant majeur dans ma vie professionnelle. Bon, je vous raconte ceci, mais au fond je dois vous dire en toute honnêteté que je me suis perdue un peu dans mes pensées cet après-midi et des souvenirs ont refait surface. J'avais envie de vous les partager. Vous savez, moi et mon auto évaluation (pffff! Que voulez-vous, elle fait partie d'une pratique bien ancrée depuis des années). Bref, mes pensées m'ont ramené à il y a environ vingt-cinq ans. D'ailleurs, j'ai eu un choc en prenant conscience, encore une fois de la rapidité avec laquelle passe le temps et par le fait même, la vie. Et là là! Je préfère revenir à mes moutons . Voici mon histoire tirée de MON fait vécu.


Tout se passe, il y plus de vingt-cinq ans. J'avais un service de garde en milieu familial que j'opérais comme une école. Oui! oui! Vous avez bien lu ! Comme une école. Vous savez, le genre de garderie (comme on les appelait à l'époque) ou tout était structuré au quart de tour (a bien y penser, je crois que j'étais tellement trop intense :( ) Que ce soit au niveau administratif, alimentaire, protocolaire, éducatif ou pédagogique, rien n'était laissé pour compte. J'avais un milieu extraordinaire ou tout mon sous-sol de maison était dédié aux enfants. C'était vraiment trop hot! Par ailleurs, les parents me trouvaient dont parfaite et mon milieu, exceptionnel. Quelle flatterie et surtout comment être plus motivée, que de se sentir au-dessus de tout. Du moins, c'était la récompense que je me laissais croire à tous les soirs lorsque je me couchais la langue à terre. Puis, est arrivé ce jour où quelque chose n'allait pas ou plutôt, que tout allait trop bien.


Parallèlement à tout ce que je vivais de bien, tranquillement pas vite, je ressentais un mal aise ou plutôt, un mal être. Je me rappelle avoir eu tellement peur de ce "feeling" inhabituel. Je faisais ce travail depuis dix ans et je n'avais jamais ressenti cette forme d'angoisse. Qu'est-ce qui se passait? J'aimais toujours travailler auprès des enfants, mais quelque chose me rendait triste et mes journées semblaient de plus en plus longues. Ayant des connaissances de base en psychologie, je savais qu'il n'y avait rien à voir avec un burn out ou une dépression. Du côté personnel, j'étais comblée. Un mari extraordinaire, deux beaux enfants, une aisance financière bref, rien qui justifiait le pourquoi de mon état émotif. Jusqu'au jour ou...


De toute évidence, une bonne prise de conscience s'imposait (vous comprenez maintenant d'ou vient ma fameuse pratique d'auto évaluation ;) ) Je me suis donc mise en mode observation, c'est-à-dire, me regarder dans un miroir, et regarder autour de moi. Quoi qu'on en dise, cet exercice est tellement, mais TELLEMENT ... surprenant! D'ailleurs, si vous avez la chance de faire un jour l'Académie V.I.P. vous aurez à faire cet exercice. Dans le même ordre d'idées, rien à voir avec la vanité, se regarder dans un miroir ne doit se faire qu'avec l'objectif d'avancer et transformer son soi actuel pour un soi désiré et meilleur. Du moment où j'ai entrepris cette démarche, bien des choses se sont placées non seulement dans ma tête, mais dans mon coeur et dans ma vie. C'est à ce moment que j'ai compris quelle personne j'étais vraiment, mais surtout quelle éducatrice je devais devenir pour poursuivre cette carrière. J'ai pu prendre conscience des irritants qui étaient en train de prendre le contrôle de cette passion que j'exerçais depuis tant d'années, mais surtout que ce titre d'éducatrice parfaite, je me l'imposais innocemment.


À vrai dire, c'est à cette étape de ma vie que j'ai réalisé que je donnais TOUT, mais vraiment TOUT; temps, énergie, écoute, service de qualité, dépannage aux familles et que pour toutes ces raisons, j'oubliais complètement; MA famille, mes loisirs, ma vie amoureuse et surtout; mon droit à l'erreur, mon besoin de repos, d'inclure des journées moins structurées à la routine des enfants, de dire non aux parents qui me demandaient d'ouvrir plus tôt ou fermer plus tard et j'en passe. Finalement, j'avais développé tout ce qu'il fallait pour conserver ce chapeau de l'éducatrice... parfaite. Je n'avais comme ancrage que ma vie professionnelle, alors que les besoins de ma vie personnelle étaient devenus, secondaires. Néanmoins, je ne pouvais blâmer qu'une seule personne, MOI.


De toute évidence, j'étais prête à devenir l'éducatrice parfaite-imparfaite. Je connaissais très bien mes habiletés, mes aptitudes, mes compétences et mes capacités d'éducatrice. Mon amour pour les enfants était là, mais devais-je vraiment me croire parfaite? ET bien, NON! J'avais droit à l'erreur. J'avais droit de refuser certaines demandes. J'avais le droit d'admettre que pour certains enfants, il était plus difficile d'intervenir. J'avais le droit de dire que je manquais de solutions, de ressources et de stratégies. Tout cela considéré, j'ai réalisé que le chapeau que je portais était tellement lourd, que je commençais à avoir les deux pieds qui s'enfonçaient solidement dans un pattern qui ne me donnait pas le droit à la faute.


J'ai donc commencé a resserrer un peu les guides. Mes heures d'ouvertures étaient devenues non négociables, je n'acceptais plus les retards de la personne que j'avais engagé pour travailler avec moi, les frais de garde devaient être payés à chaque semaine etc. Devinez quoi? Une certaine tension a commencée à se faire sentir. Des parents me questionnaient sur le pourquoi des nouvelles mesures avec un air de chien battu. Les sourires s'affichaient avec plus de froideur. C'est alors que j'ai compris que ma transformation créait inévitablement de l'inquiétude. J'ai donc pris mon courage à deux mains pour les informer de mes choix et du même coup, j'ai eu l'impression qu'il ne voyait plus en moi la même personne depuis un certain temps et qu'ils appréciaient de revoir la personne qu'il avait rencontré lors de la journée d'inscription, enthousiaste, créative, jovial et heureuse.


Quoi qu'il en soit, j'ai compris que la bienveillance doit tout d'abord commencer par soi. S'il y a une chose que je retient de ce passage dans ma carrière à travailler auprès des enfants, c'est que si nous ne sommes pas bien avec nous-même, ce n'est pas à vouloir être parfaite que nous le deviendrons, mais plutôt en étant honnête envers nous-même et capable d'identifier nos besoins réels dans les limites sécurisantes. Par le fait même, les enfants auront le privilèges d'avoir une éducatrice PARFAITE et COMPLÈTE !!!



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