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Sandra, doit-on obliger un enfant à participer à une activité?

Quelle question !?! Je l'adore ! Pourquoi ? Parce que pour moi, l'éducation ce n'est pas un sujet qui s'évalue sur des statistiques de probabilités et de généralités, mais sur des résultats (que voulez-vous, c'est ma marque ;)). He oui, je sais, les principes et les méthodes validés par les recherches sont très concluantes. Du moins, elles sont plutôt sensées jusqu'au jour où nous pouvons constater les conséquences sur le terrain. Peut-être trouverez vous que je pousse la note avec mes propos vis-à-vis ces grands penseurs de ce monde. Loin de moi l'idée de vouloir dénigrer tous les efforts de gens qui souhaitent trouver le meilleur pour l'enfance. Ils sont remarquables !! Mais, malheureusement, ils ne m'ont pas encore vendu leur idéologie. Laissez-moi vous partager ma vision, qui soit dit en pensant reste le fruit de mes expériences et de mes observations. Ceci dit, avant de répondre à la question initiale, je vais me permettre de la poser autrement. Croyez-vous que les enfants ont besoin de l'adulte pour développer leurs intérêts ainsi que leurs compétences ?



L'enfant apprends par le jeu.
L'enfant est le premier acteur de son développement.
L'enfant doit apprendre à faire des choix.

À première vue, tout ceci, nous le savons tous. Ériger des barrières d'interdits et d'obligations autour de l'enfant pourrait se voir assez nuisible au niveau de son développement. Mais ne pas en mettre aussi. S'il est important de lui permettre de se développer en répondant à ses satisfactions, il est autant plus important de ne pas avoir peur de confronter ses frustrations. Pourquoi? Je ne vous apprends sûrement rien en vous disant que c'est ça la vie. L'éducation est un apprentissage sous plusieurs formes. Cela demande des efforts et des règles de bases qui en majorité seront initiés par l'adulte. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi un enfant refuse de participer à certaines activités? Est-ce que vous savez combien d'enfants ne se sentent tout simplement pas capable !?!


Sous prétexte que l'enfant est libre de ses choix, l'idée de lui donner la convenance sur ses activités viendrait faire la preuve que nous favorisons ainsi son développement. Du moins, c'est ce que notre état d'esprit éducatif se fait marteler. Ce qui n'est pas faux en soi. Mais, ce qui vient brouiller toutes les belles grandes théories selon moi, c'est, qu'en est-il de l'importance de l'approfondissement des compétences ou de la reconnaissance de l'effort? Notamment, une fois que l'enfant a atteint la cible de son développement comme par exemple la marche, cela ne fera pas de lui un marathonien pour autant. Bon ok, ce n'est peut-être pas le but, mais il n'en demeure pas moins qu'il pourrait devenir curieux sur le sujet s'il savait que cela existe. Vous me voyez venir ? Oui ? Super ! Non ? Je vous rassure, je m'en viens avec le reste de mes pensées :)


Certe, le courant éducatif dit que nous devrions soit offrir à l'enfant de faire lui même son choix d'activités ou lui donner le choix de les organiser. Aussi, selon plusieurs pédagogues, les activités par ateliers pourraient être une méthode à favoriser. Ce qui pour moi devient une excellente option d'entre deux. À cet effet, si vous avez le souci de bien faire les choses et surtout si vous êtes tiraillé par plusieurs courants de pensées éducatives et pédagogiques, celle-ci sera tout à fait convenable. Autrement dit, vous serez l'investigateur de ses choix, tout en atteignant des objectifs spécifiques.


Par ailleurs, les objectifs parlons-en. Lorsque j'entends : " Laissez les enfants choisir leurs activités et laissez-les libres de ce qu'ils veulent faire." J'ai l'impression d'avoir les poils qui se dressent comme les piquants d'un porc-épic en panique. Mais, pour bien me comprendre, sachez que je crois indiscutablement à la démarche éducative. Il est important de revenir sur celle-ci et de son importance. J'observe, j'analyse, je fixe un plan, j'essaie et je conclus. Ceci inclut de se questionner sur les objectifs que nous voulons atteindre à travers nos activités. De là, l'importance de connaître nos objectifs. De toute évidence, il faut faire confiance au travail de fond que le personnel éducateur met en place pour justement répondre aux différentes dimensions du développement.


Revenons à l'exemple ci-haut mentionné du développement psychomoteur. Pour l'élève qui n'aurait aucun intérêt à l'activité physique, l'objectif ne devrait-il pas de l'amener à développer de saines habitudes de vie à commencer par l'activité physique. Si dans l'offre de mes activités les choix sont de jouer une partie de soccer versus son intérêt à faire un casse-tête et que l'enfant pourrait choisir ce qu'il veut, il est certain que cet enfant, qui favorise la sédentarité, ira se casser la tête plutôt que la dépense d'énergie physique. Est-ce mauvais en soi? Non ! Cependant, la compétence visée dans l'objectif soit, les saines habitudes de vie, est dans le néant. À long terme, l'enfant ne développera aucune habiletés motrices précises ou du moins l'intérêt à prendre soin de sa santé. C'est ce que nous appelons "la zone de confort". Vous, quels sont les arguments pour vous faire sortir de votre zone de confort? Honnêtement, en sortez vous souvent? Sans la conscience de comprendre que celle-ci vous apportera des gains, vous n'aurez aucune motivation d'en sortir. Chez l'enfant, le processus n'est pas si évident.


Dans ce même ordre d'idées, faisons le parallèle entre la façon dont l'activité sera présentée et le désir à l'enfant d'y participer. Revenons avec l'enfant qui n'a pas d'intérêt pour les sports. Évidement, si vous le forcez à jouer au soccer, vous aurez droit à une opposition ou vous rendrez ce moment très pénible pour lui et, pour vous. L'objectif étant d'offrir une possibilité de développer des compétences ainsi que de l'intérêt tout en le motivant, en l'impliquant indirectement et en lui faisant vivre des réussites. Ce qui selon moi, est un gain inestimable dans son développement. Il est certain que tant qu'à faire de l'occupationnel avec les enfants, vaut mieux les laisser faire quelque chose qu'ils aiment Je m'explique :Si vous n'avez aucune structure autour de vos activités, celles-ci n'auront aucune valeur pédagogiques, donc très peu de gain pour l'enfant.


Hormis tous mes arguments, je vais tout de même m'attarder sur ceux qui contrebalancent mes propos. Oui il vrai que le jeu libre est un ajout majeur au développement de l'enfant. De plus, il est sans contredits que de connaître le phénomène du climat douillet (Ça, c'est mon expression ;) ) qui limite pour ne pas soustraire l'enfant aux moments de jeux extérieurs est une erreur monumentale, mais qui a dit que l'activité organisée doit nécessairement se faire à l'intérieur ? Et si jamais elle se fait à l'intérieur, il serait malsain qu'elle occupe toute la période de présence au service de garde. Pour ceux qui seraient inquiets du manque de créativité que nous décelons chez les jeunes depuis les dernières années et bien, je réponds... Tout dépend de la démarche éducative et de l'intention des objectifs. Les enfants sont moins créatifs justement parce qu'ils ne sont plus forcés à dépasser leurs limites.


C'est pourquoi, voyons comment nous pourrions rendre ce moment axé sur les compétences de l'adulte avant tout, et ce, dans le but d'accompagner adéquatement, harmonieusement, professionnellement et avec une conscience éducative les enfants face aux dimensions de son développement pour la découverte de nouvelles aptitudes et compétences.


Tout d'abord, dans la préparation de l'activité pensez à des rôles spécifiques. Pour le soccer, nous pourrions penser à un arbitre, un marqueur de point, un créateur d'affiches, un coach, etc. L'enfant, devant des possibilités ne se sentira pas imposé dans un jeu ou il n'a pas d'aptitudes. Ensuite, n'exigez jamais à l'enfant de jouer pour toute la durée prévue à l'activité s'il ne souhaite pas participer. Dans un premier temps, exigez une période précise, comme dix minutes. Vous verrez, de lui-même, il augmentera le temps une fois qu'il aura saisi le plaisir qu'il ressent. Si l'élève refuse, donnez-lui le choix entre le temps de jeu que vous lui proposez ou un des rôles. Insistez sur son apport important. Les choix qui lui sont offerts devraient être en lien avec l'activité initiale soit, le soccer et non de se diriger vers autre chose. Il est très rare qu'un enfant refusera toutes vos options. D'ailleurs, il aura droit de faire un choix.


Maintenant, à appliquer cette façon de faire, quel sera le résultat ? Dans un premier temps, il se peut que l'élève développe de l'intérêt pour l'activité (ce qui arrive trèssss souvent) Ensuite, il ressentira un sentiment d'appartenance vis à vis de ses pairs, dus à l'importance de sa contribution à l'activité. Enfin, il développera des compétences à plusieurs niveaux à commencer par ses habilités sociales. De plus, il n'est pas négligeable de constater que vous lui enseignez que bien qu'il soit confronté à des situations qui lui sont imposées, la vie n'est pas si pénible. ET n'oublions pas le "APRÈS" ou votre travail sera de lui rappeler la réussite qu'il vient de vivre grâce à de l'ambition, de la persévérance et sa capacité de faire un choix et ce, même si secrètement, vous saurez que c'est à travers VOS choix.

Par conséquent, la planification, l'organisation et l'animation doivent être la pierre angulaire des activités. La qualité, la variabilité, la règle des 3C ainsi que le désir d'accompagner l'enfant dans son développement sont non seulement essentiels, mais l'explication à l'importance de demander à l'enfant de participer à votre activité. Avec ses critères très spécifiques, vous devriez permettre à l'enfant d'explorer différentes facettes de ses aptitudes en plus de développer des compétences, encore inconnues. Donc, avant de croire que l'enfant doit systématique avoir un pouvoir décisionnel sur l'occupation de son temps, il faudrait plutôt se soucier qu'il rencontrera tôt ou tard dans sa vie ; l'imprévisibilité, l'adaptation ainsi que les règles sociales et morales. En d'autres mots, ce qui fera la grande différence, c'est ...l'approche de l'adulte. Cela dit, vaut mieux laisser l'enfant faire ses propres choix si ce que nous lui offrons ne répond pas à ses besoins, à ses intérêts, à son niveau de développement et aussi à des objectifs précis.


Compte tenu de ce qui précède et pour revenir à la question initiale "Sandra doit-on obliger un enfant à faire une activité ?" Je vais vous répondre à partir non seulement de mon expérience, de mes observations et de ma vision, mais surtout à partir de mon cœur. Le monde ne va pas bien et les enfants ne vont pas mieux. Ces grandes théories, je n'en ai rien à faire. Vous savez pourquoi ? Parce que les résultats ne sont pas concluants. Les enfants ont besoin que l'adulte les guide plus que jamais. Si bien, que je crois sincèrement qu'il revient de notre devoir d'encadrer ce qu'il reste de l'enfance. C'est palpable ! Les enfants sont drastiquement en train de perdre les points de repères qui sont ESSENTIELS, et ce, pour leur vie entière.


Quoi qu'on en dise, cessons de les conduire à ce gouffre de l'autonomie et de la démocratie non adaptées. Nous avons dépassé cette belle vision de bienveillance qui sommes toute était une approche saine pour corriger ces années ou l'autorité et l'abus de pouvoir freinaient les capacités et le développement global de l'enfant. Selon moi, nous devons maintenant parler de bientraitance, car au-delà de la bienveillance qui laisse croire que le libre choix en fait parti, les contrecoups du traitement me laisse un goût amer.


Finalement, devrions-nous croire qu'il est dommageable de laisser l'enfant faire ses propres choix ? Bien sûr que non. Cependant, il est faux de croire que tout doit être toujours tourné aux désirs individualisés. L'enfant doit prendre conscience de l'autre, de sa communauté, de la société, de la moralité, de l'image de lui-même, et ce, devant plusieurs défis. Comme par exemple ; le respect, apprendre à jouer, apprendre à perdre et à gagner, apprendre à attendre son tour, apprendre à partager, etc. Si vous souhaitez vraiment accompagner l'enfant dans son développement commencez par; structurer vos activités, organiser le temps afin que l'enfant puisse avoir des périodes encadrées et des périodes plus libres. Il y a moyen d'adapter une approche hybride et sécurisante. Rappelez-vous que si d'obliger un enfant à participer à votre activité le fait souffrir au point de le rendre malheureux, c'est que la détresse chez lui est clairement à prendre au sérieux.


Sandra Mathieu

V.I.P De L'Éducation

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